Isabelle, peux-tu te présenter et présenter ton activité de formatrice ?
Après des études des études à Science-Pô Paris, en ethnologie et en sciences économiques, j’ai rejoint un atelier de type « Actor’s studio » pour me former à la pratique théâtrale puis j’ai joué dans plusieurs courts métrages et une série télévisée. C’est cette double expertise qui a amené ma rencontre avec Quilotoa.
Depuis plus de 20 ans, je suis positionnée référente sur les thématiques de l’intelligence émotionnelle et de la communication pédagogique (comme la conception et l’animation de parcours de formations de formateurs). J’interviens également sur la communication professionnelle, la prise de parole en public et plus récemment dans le domaine de la communication managériale.
Qu’est-ce qui a fait que tu t’es intéressée à la psychologie positive ?
Mon projet initial était d’enrichir les formations sur l’intelligence émotionnelle que j’anime.
J’avais également envie de vivre l’expérience de l’immersion dans la psychologie positive en tant que participante, me faire en quelque sorte un « cadeau ». Cette expérience s’est révélée source d’inspiration et de motivation au-delà de mes attentes et colore dorénavant toutes les formations que j’anime.
La formation que tu as suivie a l’air de t’avoir beaucoup marquée ! Peux-tu nous décrire en quelques mots son contenu ?
En réalité j’ai suivi deux formations sur le sujet, l’une conçue par Iona Boniwell, l’autre par Florence Servan Schreiber. Ces deux formations sont complémentaires. Iona est une chercheuse de culture européenne, qui applique une approche scientifique. Ses préconisations sont donc appuyées sur de nombreuses études menées de manière très rigoureuses.
Selon moi, elle ouvre une voie compatible avec l’esprit français : une approche rationnelle, nuancée, ne reposant pas sur une idéologie ou des croyances ni sur une injonction à être positif à tout prix. Quant à Florence, elle est une remarquable vulgarisatrice et de surcroit dotée de beaucoup d’humour. Dans ces module suivis, j’ai ainsi pu intégrer de nombreux exercices pratiques utilisables dans mes formations.
On entend beaucoup de managers et de dirigeants critiquer la psychologie positive.
Les arguments utilisés sont souvent que « tout n’est pas rose » et que cette approche serait finalement un peu candide, pas assez « sérieuse ».
Que pourrais-tu leur répondre ?
Je pense que cela est dû à une méconnaissance de ce qu’est la psychologie positive. La psychologie positive n’est pas réductible à la pensée positive. Elle ne consiste pas à instaurer une injonction à ne voir que ce qui va bien ou à positiver à tout prix !
Il s’agit plutôt de s’entraîner à mettre le focus attentionnel sur le positif pour permettre par la suite d’ouvrir le mental et de faire face aux défis que l’on rencontre avec plus de ressources et de sérénité. Les neurosciences ont bien démontré les nombreux effets bénéfiques de ce focus attentionnel sur le positif.
Par ailleurs, il est très important, dans une équipe, qu’il y ait des espaces où l’on peut dire ce qui ne vas pas, exprimer son ressenti en toute sécurité. Cela n’est pas incompatible avec les pratiques inspirées de la psychologie positive. Bien au contraire. Il est essentiel d’instaurer un climat de sécurité psychologique pour que les collaborateurs aient envie et prennent le risque de déployer le meilleur d’eux-mêmes.
Par exemple, un exercice emblématique consiste à instaurer le rituel de « fêter les erreurs ».
L’erreur n’est alors plus vue comme une faute qui requiert un coupable et une sanction mais comme une occasion d’apprentissage. Il peut y avoir de la joie, voire une fierté à la partager au lieu de la dissimuler ou de chercher à s’en dédouaner.
Interview réalisé par Julien Ritzkowski – Expert en Soft Skills