Tous les mois, Quilotoa met en avant un formateur de son équipe et l’interviewe pour mieux connaitre ses spécialités, son parcours et ce qui l’anime. Merci Isabelle pour ton partage pour ce mois d’octobre!
Parle-nous de ton parcours
Mon parcours est à la fois atypique et cohérent. Et en même temps il a aussi toute sa singularité au sein de l’équipe chez Quilotoa. Je crois d’ailleurs que ces trois attributs : parcours atypique, cohérent, singulier sont communs à tous les membres de l’équipe.
Après une scolarité plutôt terne, bac en poche et majorité atteinte, enfin libre, je me suis subitement découvert une intense impulsion d’ouverture, d’exploration, de contribution qui ne m’a jamais quittée depuis lors.
Mon désir de comprendre les rouages du monde m’a conduit à mener à bout avec passion des études à Sciences Pô, en Sciences économiques ainsi qu’en ethnologie. Mais il me manquait tout un pan de mon humanité, comme si je n’avais activé qu’une moitié de mon cerveau et laissé mon corps et mon cœur au vestiaire. Je me sentais vivante à moitié seulement.
J’ai alors décidé de sauter à pieds joints dans le monde des émotions, de la sensibilité, de la relation, de l’improvisation en apprenant puis en pratiquant le métier de comédienne. J’y ai découvert que les mots exprimés, pour sonner juste et fort, doivent passer par le corps et la sensibilité ; que l’intervention soigneusement préparée en amont ne deviendra vivante que si l’orateur la remet en jeu en intégrant son auditoire dans la partition. Pourquoi donc ces principes devraient ils n’avoir droit de cité que sur une scène de théâtre ? Ma place n’était pas que là, le théâtre de la vie m’a encore plus appelé.
Tout en donnant des cours d’économie dans l’enseignement supérieur, j’ai poursuivi alors mon exploration de l’humain à travers de nombreuses pratiques physiques et vocales, un parcours de développement personnel et spirituel et une formation de thérapeute.
En 2001, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de réaliser une synthèse de ces richesses accumulées. L’opportunité d’un Congé individuel de formation m’a conduit à délaisser mes salles de cours pour des salles de formation en entreprise sur la communication orale, la pédagogie, la gestion du stress et de l’intelligence collective.
Qu’est-ce qui te différencie des autres formateurs ?
Mon parcours me permet d’être experte autant sur la dimension intellectuelle que comportementale de la prise de parole en public sans privilégier l’une sur l’ autre. J’interviens donc également sur des accompagnements en formation de prise de parole en public à fort enjeu comme des soutenances d’oral de réponse à des appels d’offre, des présentations en CODIR ou du média training. Par ailleurs, ma maîtrise de différents outils thérapeutiques ainsi que mes compétences en intelligence émotionnelle me rendent particulièrement apte à accompagner des personnes qui ont une sérieuse phobie de la prise de parole. Au sein de l’équipe QUILOTOA, je suis particulièrement positionnée comme référente en formation de formateurs et en intelligence émotionnelle. J’accompagne également des équipes sur la durée en salle de formation et sur le terrain dans le but de développer les différents leviers de leur intelligence collective.
Sujet lié à la prise de parole : Ethos pothos logos, la capacité de convaincre
Qu’est-ce qui te motive aujourd’hui dans ton métier de formatrice?
J’ai tous les jours la sensation de contribuer à un changement bénéfique pour les individus et les organisations. Cela me permet de conserver mon énergie et mon enthousiasme même confrontée parfois à l’adversité ou à un climat morose. C’est du gagnant-gagnant. Je fais partie d’une équipe intellectuellement stimulante, humainement riche et en phase avec mes valeurs. Ce métier me permet d’entretenir un cercle vertueux où vie personnelle et vie professionnelle s’enrichissent mutuellement. Je suis aux premières loges de l’observation d’une mutation profonde et rapide de notre société. C’est passionnant ! Mes interventions dans les milieux professionnels les plus divers et à tous les échelons de la hiérarchie me permettent de développer finesse d’analyse et une certaine impartialité. Ces compétences risquent d’être précieuses dans les années à venir, années possiblement marquées par des conflits de plus en plus violents entre des catégories de population s’estimant chacune lésées et luttant pour défendre ce qu’elles considèrent comme leurs intérêts légitimes.
Je développe de nouvelles compétences de facilitatrice de groupes de réflexion ou de travail, d’accompagnatrice d’équipes sur la durée, de formatrice sur le terrain et non pas uniquement en salle. Je continue à approfondir mes compétences en intelligence émotionnelle.
Peux-tu nous décrire un exercice que tu proposes à tes apprenants et que tu aimes particulièrement ?
Un exercice librement inspiré de l’exercice phare de Peter brook, « les chaises », pour préparer ses comédiens avant leur entrée en scène. Cet exercice entraine un orateur à devenir « tout terrain » c’est-à-dire à conserver le fil de son intervention quoi qu’il arrive.
Tout d’abord les participants sont accompagnés méthodologiquement pour construire une intervention orale de 3 minutes. Ils notent ensuite sur une fiche aide mémoire leur objectif, les messages clés et le fil conducteur de leur intervention. Ils se regroupés en quatuor. Chacun, à tour de rôle, devra exposer son argumentation(rôle de A) à un partenaire (B) en face de lui, en conservant le contact visuel avec B et en faisant en miroir les mouvements corporels qu’il lui propose. Il s’agit de ne pas se laisser perturber par la consigne de soutenir un regard et d’être attentif à son corps. A s’entraîne donc à maintenir simultanément une attention verbale, corporelle et relationnelle. Pour l’aguerrir encore plus, deux autres participants sont postés derrière lui et jouent le rôle de perturbateurs. C lui pose des questions de calcul mental élémentaire tandis que D cible les questions inattendues, incongrues, sans logique ni lien avec le sujet. Notre orateur doit répondre à chacune des questions puis reprendre le fil de sa présentation. Cela l’entraine à gérer les questions d’un auditoire sans perdre le fil mais aussi à mobiliser simultanément les différentes zones de son cerveau.
Une actualité artistique ?
Un concert début juin au Temple de la petite étoile sur Levallois Perret dans le cadre d’un « chœur éphémère » dont je fais partie. L’écriture d’ « instants de vie » sensibles qu’ils soient délicieux ou douloureux, à la manière de Phillippe Delerm ou de Christian Bobin.
Isabelle Pierra – Formatrice en communication orale
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